samedi 19 mars 2011

Un jeune homme mort "emprisonné" dans sa voiture garée en plein soleil (40°) verrouillée, dont il n'a pu sortir. Mort d'un clic au lieu de deux.

La Loreleï
(ici réalisée avec des fusains issus du feu et sur du papier peint de récup, coût = 0)
"Là-haut, des nymphes la plus belle
Assise.. Elle chante,
Timbre étrange, ensorcelle,
Tremblez, fuyez.."

Ca s'est passé le lendemain de l'article "les hommes sous influence de l'objet" (lien) comme une horrible illustration. Un "accident" qui s'était déjà produit au moins une fois avec ces nouvelles bagnoles tout-électronique top, toujours plus "sûres", si fascinantes et si chères que l'on redoute de se les faire voler au point de les verrouiller.. y compris de l'intérieur ! Mais le constructeur, avisé, a pensé à tout (!) Deux clics, c'est bon, elles ne sont bloquées que de l'extérieur, mais un clic et tout est bloqué. Un cercueil. Même technique pour les "4.4" qui se verrouillent aussi dès qu'on atteint une certaine vitesse, c'est la "sécurité" des enfants... fort utile également en cas d'enlèvement !

Il y a aussi les portes blindées, archi blindées, plus on est riche plus on blinde, c'est logique... dont on peut mourir à l'exemple célèbre mais banal de Gaston Defferre, les pompiers, malgré leur attirail, n'ayant eu raison du bunker qu'au bout d'une demi-heure, trop tard pour le sauver de l'infarctus. Pour du blindage, ça c'est du blindage mazette, une excellente pub pour l'installateur. Même problème pour les piscines, idem (lien), objet de luxe.. et de mort. De même les clims des voitures, ultra polluantes, dégageant, lorsqu'on les met en route dès le démarrage, fenêtres fermées, et qu'elle sont surchauffées -cas le plus fréquent évidemment- un gaz cancérigène très concentré.

L'industrie est la première responsable ; toujours plus, plus de frime, de "confort", un faux confort qui fait fî du réchauffement de la planète (si "je" me refroidis, j'en "réchauffe" d'autres) et de notre propre sécurité... précisément sous prétexte de sécurité! Acheter, croître, innover : c'est nous qui sommes les objets des firmes et du pouvoir qui les soutient. La prime à la casse, les nouvelles "améliorations", le design*, il faut toujours immaginer quelque hochet pour décider le chaland à sortir son chéquier et à abandonner celle qu'il possède et qui roule parfaitement. Go. Il faut gagner le concurrent de vitesse, on réfléchira après sur les inconvénients*. Un souvenir ancien : nous avons dû rouler sur autoroute vitres bloquées, les systèmes électroniques n'étant pas trop au point à l'époque! dans une voiture non climatisée, par une après-midi d'été torride avec deux enfants en bas âge : à toutes les stations, nous nous trempions ainsi que des couvertures et dans l'habitacle devenu hamam, on vaporisait en permanence.. si bien que le trajet qui eût dû prendre 2 h en dura 4 ou 5.

[* A ce sujet, les élégantes voitures phalliques au capot en calandre d'avion qui donnent au Lambda l'impression de piloter une fusée intersidérale représentent un danger évident, surtout pour les piétons.. lorsque l'on doit par exemple pointer le nez à un croisement sans visibilité. Rappelons qu'il n'y a pas dans l'espace de promeneurs ni de stop. Et les rétro viseurs agressifs.. qui ne "visent" pas en dessous de 60 cm et ne tiennent aucun compte de tout ce qui mesure moins, enfants, animaux. Dramatique lorsque de surcroît l'engin, comme ceux en vogue actuellement dits "familiaux"! est haut, ainsi que l'attestent maints accidents dont un récent -un gamin a été écrasé par sa mère, chez eux, au cours d'une marche-arrière: elle ne l'a pas vu car il était impossible à voir-. Un autre effet pervers de cette identification à l'objet est que nous ne mesurons plus son danger puisqu'il fait partie de nous comme un bras, une jambe : ainsi, la plupart des accidents mortels surviennent-ils lors de petits trajets, autour de quelques km de chez soi. Nous prenons la voiture sans y penser, avec un faux sentiment de sécurité relié à l'impression d'être encore chez nous, dans notre salon -et plus elle est confortable et plus cette impression est vive- pour filer chercher un condiment qui nous manque, le repas en train de cuire, vite ! la ceinture, à quoi bon.. ou parfois mal réveillés, crevés, après une scène de ménage etc. L'attention obnubilée se relâche, tandis que lorsque nous nous préparons à partir pour une longue distance -bagages, vérifications, ceinture etc..- la conscience qu'il s'agit d'un acte non anodin est plus prégnante.]

La "civilisation" aberrante qui est nôtre a déplacé la peur : ce n'est plus nous que nous voulons préserver, c'est l'objet. Hier par exemple, un moustachu attablé à une terrasse s'est précipité, traversant dans des crissements de freins, vers moi en train de me garer à quelques centimètres de sa moto, hurlant que j'allais faire "une catastrophe". Une catastrophe! C'est la peur de la perte ou de la dégradation de l'objet qui obsède. On redoute tant de le perdre (c'est à dire le présumé voleur, vandale, ou maladroit) qu'on s'oublie soi-même, qu'on ne pense pas au risque de se faire écraser, de brûler vif (cf le banquier Edmond Safra qui s'était enfermé si efficacement qu'il en a péri asphyxié, lui et hélas son infirmière) ou d'agoniser en l'absence de soins médicaux d'urgence.. et c'est exactement ce qui arrive parfois. La possession d'objets symboles et leur sur-valorisation détruit et nous détruit. Dans les pays riches, nous périssons de surconsommer et de techniques "sécuritaires" non maîtrisées (le plus souvent protégeant l'objet) et dans d'autres, de pénuries de tout ordre (lien avec la Somalie) et d'absence de techniques reliées à notre indécente sur consommation (lien avec le "post").

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